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CE QUE J'AI APPRIS DES LAMAS THIBETAINS
LES SIX VERTUS
Après avoir établi les fondations, aplani le sol, la construction se poursuit par la montée des murs. En l'occurence, après avoir pris Refuge, nous pratiquons les vertus transcendentales permettant le développement spirituel
Ces vertus transcendentales sont au nombre de six :
LA GENEROSITE
C'est une vertu essentielle sans quoi rien n'est possible. Comment pourrions-nous prétendre à l'expansion à l'infini de nos qualités si nous avons un esprit étroit et ne savons donner de nous-mêmes ? Cette vertu transcendentale, cette générosité n'est pas seulement une aptitude à aider financièrement les êtres en détresse, c'est aussi être capable de donner de son temps à ceux qui demandent à être écoutés, c'est aussi savoir conseiller ceux qui sollicitent notre point de vue, savoir partager les inquiétudes, les soucis, les craintes de ceux qui nous entourent.
C'est aussi savoir accepter ce que nous croyons être des défauts chez ceux avec lesquels nous vivons, car, en fait, ils ou elles ne sont que la parfaite réflexion de nos propres défauts, car nous n'exprimons que ce que nous sommes et ne voyons chez les autres que nos propres qualités et nos propres défauts puisque notre vision est entâchée de la croyance erronée, instinctive en un égo auquel nous nous attachons.
La pratique de la générosité est l'apprentissage du renoncement, du détachement de ce que nous croyons faussement être nos possessions, nos qualités, nos défauts, notre être.
Au départ, il faut savoir bien sûr, donner une roupie à chaque mendiant lépreux qui nous la demande, puis savoir donner à chaque être ce qu'il nous demande, car en fait, ce qui nous est demandé est ce que nous nous demandons à nous-mêmes.
La générosité consiste à ne rien vouloir retenir pour nous-mêmes, savoir se séparer de tout ce qui est important à nos yeux, serait-ce notre temps, notre argent, notre corps, notre énergie ou notre vie entière.
LA PATIENCE
C'est une vertu indispensable dans toutes les situations. A l'Occident, civilisation du presse-bouton, les gens sont de plus en plus impatients et vivent de plus en plus dans le court terme et pour leur plaisir immédiat, en sacrifiant les chances des générations futures, en hypothéquant l'avenir de l'humanité entière (cf. pollution atomique et déchets radioactifs, pollution atmosphérique et des océans, utilisation inconsidérée d'énergie irremplaçables ou polluantes, engraissement d'animaux de boucherie avec des céréales pouvant nourrir des êtres humains en train de souffrir de sous/malnutrition, surproduction à grands frais de produits laitiers, etc...) et c'est une vertu faisant de plus en plus défaut à nos semblables (se battre pour une place de parking en est un exemple typique).
Nous devons enfin admettre que nous vivons dans un univers où nous il faut du temps, beaucoup de temps, pour recueillir les fruits de nos investissements, de notre travail, pour voir pousser un arbre ou grandir un enfant, pour l'éduquer, ou pour modifier un état d'esprit.
Il nous faut de la patience pour faire la queue à la poste, à la banque, pour nous faire comprendre, pour combattre la maladie, améliorer notre situation, construire une maison ou la réparer. De la même façon, il nous faudra de la patience pour voir se transformer notre esprit, pour atteindre le calme mental et la paix, la sérénité que procure la pratique de la méditation. Il nous faudra attendre au minimum plusieurs années ou décennies avant de constater un changement important.
J'avais rencontré un jour un professeur de méditation transcendentale et il semblait découragé de n'avoir pas encore atteint de résultats notables après cinq ans de pratique.....
Les thibétains pratiquent toute leur vie, pendant de nombreuses vies, et n'espèrent surtout pas avoir de résultat après un laps de temps aussi court (on ne "lévite" pas en pratiquant la méditation transcentale pendant un week-end dans un hôtel quatre étoiles en Suisse -:) ROTFL).
L'ETHIQUE
Afin de pouvoir pratiquer correctement les méthodes enseignées par le Bouddha, il nous faut réunir un ensemble de conditions favorables, et pour que ces conditions favorables soient réunies nous avons un "code de conduite" à respecter. Les conditions favorables sont : une bonne santé, la liberté d'agir et de pratiquer notre religion, une longévité suffisante, une situatioin matérielle sans problème.
Nous ne pouvons réunir ces conditions si nous ne respectons pas une certaine éthique. Pour cela le Bouddha a indiqué pour les disciples laiques les règles suivantes appelées "voeux de pratimoksha" :
Il est bien évident que si nous tuons, volons, mentons, nous droguons, trompons nos partenaires, nous aurons des ennuis, des problèmes sous une forme ou sous une autre.
Si notre esprit est préoccupé par ces problèmes, ces ennuis, nous ne pourrons pratiquer correctement, nous ne pourrons nous concentrer sur les méthodes nous ne pourrons étudier les enseignements permettant la libération de la souffrance et l'obtention d'un bonheur durable.
L'ENERGIE ENTHOUSIASTE ET CONSTANTE
Atteindre le sommet de l'Everest ne se fait pas sans efforts, sans une grande dépense d'énergie, et cela constamment, sans relâche. Si donc nous souhaitons atteindre le sommet de l'Everest spirituel, il est nécessaire d'utiliser une grande énergie (celle-ci est renouvelable à l'infini, pas comme les hydro-carbures -:)) ROTFL), de faire de grands efforts (du moins au début, car ensuite, par la force de l'habitude, ce qui semblait difficile devient facile), et de maintenir notre application constamment à cette pratique.
Un grand Lama tibétain, Chogyam Trungpa Rimpotché, a dit que si nous désirons nous engager sur cette voie spirituelle nous devons êtres prévenus qu'il s'agit d'un chemin sans retour, que ce chemin n'est pas fait pour les faibles, les lâches et les tièdes, mais pour les braves; qu'une fois engagés sur le chemin il nous faudra aller jusqu'au bout de celui-ci, mais combien merveilleux les résultats, quelle vision magnifique une fois au sommet de l'Everest, quelle pureté et légèreté de l'air....
La persévérance, amie fidèle du pratiquant, lui permet de surmonter les moments de doute, de découragement (car ceux-ci existent) et de traverser les "orages d'illusions" les plus sévères que nous envoit "Mara" le maître des illusions.
Depuis des milliards de milliards de vies nous vivons dans l'ignorance de notre mode d'existence réel, avons une habitude instinctive de cette vision fausse de l'univers, et cette habitude, cet instinct, cette vision fausse, ne se dissiperont pas du jour au lendemain, raison pour laquelle patience, persévérance et énergie enthousiaste nous sont nécessaires.
LA MEDITATION
Il est impossible d'atteindre l'ultime vérité, de faire l'expérience de celle-ci, lorsque notre esprit est sous l'emprise des émotions, sous l'influence des trois poisons pernicieux du désir, de la haine dans l'obscurité de l'ignorance.
Dans l'état d'esprit confus résultant de ces trois poisons, nous n'avons aucun libre arbitre, aucun contrôle sur nous-mêmes et nos pensées. Nous ne pensons pas, nous sommes pensés, nous n'agissons pas mais nous contentons de réagir, nous passons des journées entières comme dans un rêve, dans un brouillard d'inconscience, menés par l'impulsion d'une émotion, puis d'une autre prenant sa place.... ainsi passe toute une journée, une semaine, un mois, une vie où nous nous laissons enchaîner par le désir et l'insatisfaction, et demeurons esclaves des pulsions les plus basses, guère différents d'animaux vivant uniquement pour satisfaire les besoins essentiels de consommation et d'activité sexuelle.
Pour contrebalancer la puissance de ces énergies brutes et violentes, il est indispensable de développer une présence à soi, une concentration pointue telle que notre esprit devienne comme un phare, comme un soleil dispersant de ses rayons les brumes des tendances négatives innées.
Cette concentration, cette présence, se développe grâce à la pratique de la méditation. Tout d'abord nous pratiquons une méditation dite "de concentration" par la récitation de formules sacrées appelées "mantras", et par la visualisation d'entités symbolisant les qualités présentes en nous dont nous désirons le développement.
Pour des chrétiens, les mantras peuvent être le "Notre Père" ou le "Je vous salue Marie", et la visualisation d'entités bénéfiques peut être celle de Jésus-Christ ou de Marie.
Pour les disciples des Lamas thibétains, le choix des mantras et des visualisations correspondantes s'ouvre à l'infini, en fonction de l'individualité du disciple, et celui-ci devra demander l'initiation correspondante à son gourou.
Puis ayant établi une forte concentration, nous serons mieux à même d'étudier les enseignements du Bouddha et d'approcher les concepts les plus élevés du bouddhisme, tels que le vide d'existence propre des phénomènes (Shunyata), sans la réalisation duquel on ne saurait obtenir la libération de la souffrance, ou la chaîne d'interdépendance des phénomènes (pratityasamutpada), des douze liens nous enchaînant au monde d'illusions (Samsara).
Ainsi la pratique de la méditation de concentration permet en retour la pratique de la méditation analytique, les deux devant se pratiquer et se développer simultanément, de pair. Il ne s'agit pas, bien sûr, de ne se consacrer qu'à une seule d'entre elles, mais, bien au contraire, d'utiliser l'une pour améliorer l'autre (développer la concentration pour améliorer l'analyse), le contraire se révélant également vrai (une bonne analyse motivant la pratique de la concentration par la découverte de l'ensemble des raisons nécessitant cette pratique).
Le nombre des méthodes de méditation utilisées par les Lamas étant incalculable, et nombre d'entre elles ne pouvant se pratiquer sans initiation, je ne développerai pas plus avant ce sujet.
LA SAGESSE
Sans cette vertu, pratiquer les cinq autres nous permettre d'obtenir des états d'existence confortables mais pas d'obtenir l'illumination. La sagesse discriminative obtenue par la concentration nous aide à faire disparaître de notre courant de conscience le désir et l'attachement aux biens et aux sensations, d'obtenir les pouvoirs extra-sensoriels, de vaincre les émotioins conflictuelles et d'atteindre les différents états d'absorbtion méditative (samadhi) et enfin d'accéder à la perception juste de l'univers et de développer une compassion stable, infinie, pour l'ensemble des êtres.
Les cinq pouvoirs ordinaires dont l'obtention est possible sans avoir réalisé le mode d'existence réel des phénomènes (Shunyata) sont :
Un sixième pouvoir est atteint, grâce à la réalisation du mode d'existence juste des phénomènes, c'est la prise de conscience que tous les éléments perturbateurs ont perdu leur pouvoir de nous retenir en des plans d'existence inférieurs.
La vision bouddhiste admet l'existence d'une infinité d'univers existant simultanément, certains ayant la possibilité de communiquer entre eux si leurs "types d'illusions" sont identiques.
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mes réponses à certaines questions posées sur le bouddhisme